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El Grande N'Importe Nawak

Le Blog de Charly H.

"THE CROW" ( 1994 ) d'Alex Proyas

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"THE CROW" ( 1994 ) d'Alex Proyas

Et oui, j'aborderai ici l'un de mes films cultes, même si je pourrais aussi aborder cette douloureuse thématique qu'est l'Amour ( avec un grand A ) ou la perte d'un être aîmé - mais, des fois, certaines personnes l'ont déjà fait mieux que moi, comme James O' Barr...

Mais avant...

Le 20 juillet 1973, celui qu'on surnomme le Petit Dragon, l'acteur et karatéka Bruce Lee décède d'un œdème cérébral à Hong-Kong ( en plein tournage d'"OPERATION DRAGON" me semble-t'il ), provoquant dans ce monde de cinéphages dépourvus d'Internet alors les rumeurs les plus folles d'assassinat, de contrat mafieux, etc, etc...
Mais le roi des arts martiaux laisse un héritage bien plus fort que sa filmographie de films de karatétagueule : un fils, son fils, Brandon Lee...

Années 1980, James O’ Barr perd l'amour de sa vie : tuée dans un accident de la route par un chauffard ivre.
Un choc pour cet homme, qui dès lors s'engage dans les Marines - où en poste à Berlin cet artiste va être chargé d'illustrer les manuels d'instruction de combat au corps-à-corps...

Février 1989, après avoir présenté ses centaines d'heures de travail graphique au propriétaire d'un comics-shop, cet amateur poétique des romantiques français Georges Bataille, Antonin Artaud et Arthur Rimbaud, des auteurs américains Lewis Carroll, Edgar Allan Poe et A.A. Attanasio mais aussi de groupes musicaux plus indus' qu'autre chose ( les Stooges d'Iggy Pop, Joy Division d'Ian Curtis et The Cure de Robert Smith ) voit sa propre ligne d'édition été créée et le premier volume de sa future série culte être éditée !!!
"The Crow", le comics-book sombre et romantique d'un noir et blanc magnifique, vient de paraître - guidé par l'amour de son auteur pour son Amour disparue, exorcisme de sa haine et de sa colère à travers la vengeance d'outre-tombe de ce jeune homme qu'une force occulte à doté de pouvoirs visant à rétablir l'équilibre des choses et réparer le mal qui a été fait ( sa mort mais surtout l'assassinat de sa fiancée )
Mais la crowmania ne déferle pas encore sur cet artiste indépendant...

Le 31 mars 1993, Brandon Lee, fils et héritier martial de Bruce Lee meurt ( également ) sur un tournage, lors de la scène de la fusillade de son personnage.
Le tournage maudit de ce film, "THE CROW", est encore une fois endeuillé, après plusieurs incidents et accidents.
Les rumeurs sur la mort du jeune acteur de 28 ans et sur l'avenir de cette adaptation cinématographique d'un comics-book, appelé à devenir culte, vont bon train...

11 mai 1994, aux Etats-Unis, le producteur Edward R. Pressman ( "THE PHANTOM OF THE PARADISE" de Brian De Palma en 1974, 20 ans plus tôt, pour ne citer que l'une de ses prod' passées ) parvient, avec l'accord et l'aval de la famille de Brandon Lee et de sa fiancée, à sortir le film d'Alex Proyas ( clipper des australiens d'INXS, de Crowded House et de Sting... ) : "THE CROW" !!

Fort d'une accroche romantico-tragique ( lorsqu'on ne peut oublier la mort sur le tournage de son acteur principal, Brandon Lee ) - "Croire en l'Amour Eternel" - comme voulant répondre au "L'Amour est Eternel ( Love Never Dies )" du "DRACULA" de Coppola, deux ans plus tôt, ce film qui reste l'une des meilleures adaptation de comics-book cinématographique réussie parvient à marier fan de combats musclés et armés ( superbement chorégraphiés par Jeff Imada, coordinateur des cascades sur "RAPID FIRE" - avec Brandon déjà - après avoir été simple cascadeur sur "POINT BREAK", et Brandon Lee himself ) pour une vengeance d'outre-tombe jouissive et public féminin, ému ( comme une partie du public masculin, qui ne peut rester insensible à ce dernier baiser amoureux et hommage romantique que puisse offrir d'un au-delà argentique l'acteur Brandon Lee à sa fiancée Eliza Hutton - à qui est dédié également ce film : For Brandon and Eliza signant le générique de fin - par grand écran interposé ) par la violence vindicative de ce romantisme plus vivant que mort par delà celle-ci d'un amoureux éternel et immortel...

Et même si les scénaristes David J. Schow ( "MASSACRE A LA TRONCONNEUSE 3" ) et John Shirley ( la série "Star Trek DS9" ) déplacent l'action et les lieux de cette mort ( d'un pré au loft de ces futurs mariés que sont Shelley et Eric ), qui va émouvoir des forces anciennes pour ressusciter l'année suivante Eric Draven et lui donner les moyens surnaturels de venger la mort de sa bien-aimée, et que des coupes dans le métrage d'Alex Proyas vont éclipser ce personnage de Skull Cowboy ( interprété par un Michael Berryman rendu célèbre par son rôle dans "LA COLLINE A DES YEUX" ), qui apparaissait comme contrôleur du train menant la dépouille éthérée d'Eric dans la version papier, pour laisser focaliser le rôle de guide sur le corbeau même et laisser le soin au personnage de Myca ( interprété par Ling Bai, re-vue en pin-up sexy dans "WILD WILD WEST", sic ) d'expliquer l'origine et le lien des pouvoirs de ce macchabée avec l'oiseau. Non, on ne peut pas nier que ce film qualifié trop rapidement de film goth' est une putain d'adaptation merveilleuse. Romantique à souhait au-delà de tout ce sang versé et de tout ce plomb hurlé...

Jouant des termes et icônes gothiques ( la musique indus', une garde-robe noire de cuir, le masque de l'ironie du théâtre traditionnel anglais pour make-up - aujourd'hui galvaudé par une jeunesse soi-disant décadente et en rébellion - et la mythologie d'une mort salvatrice associée à une puissance occulte vengeresse, etc, etc ), cette love-story d'un amour éternel parvient à retranscrire sous ces aspects d'un slasher vindicatif d'outre-tombe la puissance et l'émotion d'un amour que rien ne pourra détruire et qui, bien au contraire, saura survivre par-delà leur mort et s'avouer plus fort que tout, cet état définitif post-mortem inclus... pour rétablir un ordre des choses bafoués.
Et il faudra avouer que "THE CROW" n'aurait pû être qu'un film fantastique au pitch vu et revu de série B, si le talent et la maestria de son réalisateur, Alex Proyas, n'avait pas su extraire la juste force dramatique propre au récit de James O’ Barr ( qu'on peut entrapercevoir en voleur de télé après l'explosion du mont-de-piété  de Gideon ) de cette histoire d'un mort-vivant venu se venger des assassins une nuit d'Halloween qu'un budget modeste ( estimé aux alentours de 15 millions de dollars, où ont été injecté une somme supplémentaire pour ouvrir une boite de pandore infographique permettant de coller le visage de Brandon Lee sur sa doublure, Chad Stahelski ( doublure d'Angel dans les séries "Buffy, the Vampire Slayer" et "Angel" ), lors des scènes tournées après la mort de l'acteur principal ) alloué par Edward R. Pressman et Jeff Most ( producteur des sequels "THE CROW, LA CITE DES ANGES", la série "The Crow, Starway to Heaven", "THE CROW SALVATION" et "THE CROW : WICKED PRAYER" pour essorer la poule noire aux œufs d'or ), entre autres, destinait à être le premier film d'une trilogie ( Brandon Lee aurait signé un contrat pour une série de trois films).

Mais ce budget faisant et la tragédie se produisant - ou plutôt un tel budget ne pouvant aboutir ( peut-être ) que sur une telle tragédie - l'Australien Alex Proyas ( Egyptien de naissance ) saura parfaitement user des bouts de chandelles lui étant laissé et monter comme il faut ses scènes de courses-poursuites sur fond de maquettes avec des scènes lives de combats et autres action shoot... jusqu'au tragique accident, lors des dernières scènes à filmer, qui coûtera la vie à Brandon Lee, avant de devoir remonter son projet initial à l'aide d'effets spéciaux infographiques venant compléter cet enchevêtrement d'effets spéciaux lives...
La dernière blague de Brandon Lee ( qui aura déjà fait croire à des accidents mortels sur le tournage, pour prolonger l'humour morbide de ce jeune homme qui roulait en corbillard et a côtoyé la mort - de son célèbre père - depuis son enfance ) étant la bonne : personne ne refusant de croire que la balle que venait de lui tirer l'acteur David Patrick Kelly ( "WARRIORS, "COMMANDO" ) incarnant T-Bird le meurtrier d'Eric Draven ( le personnage de Brandon si vous n'aviez pas suivi ) puisse lui être mortelle sur ce tournage, où les conditions de sécurité pour les cascades armées ne furent pas respectées ( pourquoi une arme qui devait être chargé à blanc fut-elle réellement chargé si ce n'est par manque d'attention, faute de moyen, etc, etc). La bande de T-Bird venait d'assassiner ce jeune opposant au délogement brutal au "cut" du réalisateur, l'acteur David Patrick Kelly ( qui se trouva tant confondu devant tant de beauté, pour reprendre l'extrait du "Paradis Perdu" de Milton que T-Bird lit dans le film et lors du tournage en général qu'il fit de ce livre son livre de chevet ) venait de tuer accidentellement un acteur de karatétagueule qui avait misé dans ce film sa future carrière d'acteur : Brandon Lee voulant prouver que derrière ce masque de l'ironie il pourrait déployer tout son talent d'acteur...

La rumeur se ranimant là où avait débutée celle sur son défunt père : le fils aurait été assassiné également, etc, etc, alors que tout cela ne fut que le résultat d'un tournage de quatre mois ( de février à mai 1993 ) dans des conditions extrêmes pas toujours adéquates ( Brandon Lee devant tourner à demi-nu les scènes de sa résurrection sous une pluie si froide, même artificielle, qu'il fallu y ajouter un antigel, pour unique exemple,... ) mais dont pourtant le réalisateur Alex Proyas s'en sort le mieux du monde, livrant à un public sous le charme et/ou hypnotisé de revoir une dernière fois - et dans son plus beau rôle - le fantôme de Brandon Lee incarner un fantôme revenu d'entre les morts rappeler à celle qu'il a aimé et dont il est séparé combien il aime... pour toujours.
Ange de la mort, Eric Draven promet à ceux qui l'ont tué et ont torturé Shelley une mort dont leur vie n'est qu'un dernier souffle de sursis, guidé par cet oiseau de "malheur" qu'est le corbeau, dans une ville sombre et sans nom que les décors et maquettes de Simon Murton ( "FORTRESS" et "VAN HESLING" depuis en tant qu'illustrateur des projets de décors ) et Marthe Pineau ( lissu de la série "Matlock" pourtant ) rendent inquiétante et envoutante à la fois, dans un univers gothico-indus' que les costumes d'Arianne Phillips ( "TANK GIRL", autre adaptation d'un comics-strip délirant, dont je vous parlerai une prochaine fois peut-être ) ne font qu'accentuer et exacerber pour le plus grand respect et la meilleure transposition live de ce qui est aujourd'hui qualifié comme le meilleur film réalisé d'après un comics-book gothique ( ou le meilleur film gothique qui n'ait été réalisé d'après un comics, quoi !! ).

Réunissant des groupes venus des horizons du rock, du hard-rock ou de la scène indus' voire underground, la bande originale du film ( qui s'est vendu à des millions d'exemplaires un an avant la distribution du film en salles, en faisant l'une des meilleurs BOF en terme de ventes ) compte dans cette compil', qui s'insère parfaitement au long métrage, des groupes comme Cure ( dont est fan James O’ Barr ), Nine Inch Nails ( reprenant le "Dead Souls" de Joy Division, autre groupe phare de la culture dark de O’ Barr ), Helmet ( dont le "Milktoast" fut l'un des clips les plus diffusés lors des nocturnes de la 6 à une époque que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître comme dirait l'autre ) ou Medicine et My Life With the Thrill Kill Kult, qui intervenant dans les scènes de night-clubs du film n'ont du qu'augmenter le buzz musical autour d'eux ( Medicine voyant même Alex Proyas réaliser leur vidéo du "Time Baby III" qu'ils interprètent dans le film ), lorsque la véritable révélation musicale du film est Graeme Revell ( "TANK GIRL", "STRANGE DAYS" mais aussi "THE CROW, LA CITE DES ANGES" et des séries comme "Les Experts" en tout genre ou "Las Vegas" depuis ), compositeur néo-zélandais de 38 ans ( alors ) dont ce n'est pourtant pas le premier travail cinématographique et qui se paye même le luxe d'être crédité aux cotés de Jane Siberry sur "It Can't Rain All The Time", ce titre de Hangman's Joke ( la blague du pendu ), le groupe rock du personnage Eric Draven qu'écoute la jeune Sarah ( interprétée par Rochelle Davis, dont ce film reste le seul tournage - qu'on peut comprendre lorsqu'on oublie pas qu'un homme est tout de même mort dessus : traumatisant pour une gosse, non ? ).

Une histoire romantico-sombre basée sur le plus incroyable sentiment que puisse être l'amour, force parmi toutes les forces que peut compter notre univers, un réalisateur surdoué habité par le rythme et un visuel des plus graphiques, des décors magnifiques fabriqués sur rien, des costumes qui ne font qu'accroître la ( sombre ) beauté du métrage et plonger un peu plus le public dans un film que sa bande-son prenante, puissante, rythme au gré de la vengeance de son protagoniste et de chacune des exécutions ( parfaitement mises en scène ), la mort de Brandon Lee deviendra l'élément magique ( et tragique, ne l'oublions pas ) qui fera exploser l'étendu du pouvoir toujours aussi captivant et émouvant de ce premier film d'Alex Proyas ( même si quatre précédents titres viennent débute sa filmographie ) et dernier film de Brandon Lee ( même si sa filmographie semble se terminer sur un inédit vidéo suédois intitulé "SEX, LÖGNER & VIDEOVALD" dans lequel il semble plus être figurant qu'autre chose ) : oui, Eric Draven est mort et pourtant il bouge et est revenu, bien que les morts ne puissent pas revenir comme le pleure T-Bird dans ses dernières secondes de vie, pour se venger et redonner le sourire au public - de le voir ainsi châtier ceux qui les ont expédié ad patres Shelley ( interprétée par Sofia Shinas, revue dans la série "Les Prédateurs" ) et lui ( personnellement, je sais avoir étonné la foule en étant le seul à rire lors de la fusillade dans le club où se réunissent les chefs des gangs autour de Top Dollar, un peu avant que Skank - Angel David ( "G.I. JANE", "THE SUBSTITUTE 2" ) - ne soit le dernier... ) - et à un Top Dollar à qui le second couteau de Michael Wincott ( "ROBIN DES BOIS, LE PRINCE DES VOLEURS", "ALIEN 4, LA RESURRECTION", "STRANGE DAYS" ) donne corps dans son meilleur rôle également de bad guy charismatique ( qu'aucun autre méchant de la série n'arrivera à égaler au même titre qu'aucun Ash ou Alex n'égale Eric ), comme Brandon Lee est mort mais il reste là, sur ce grand écran, à nous prouver qu'il n'a jamais été aussi en forme et en vie dans ce rôle de mort-vivant qui croit en le pouvoir de l'Amour ( car il s'agit bien d'amour avec un grand A comme force du film ) plus fort que tout quitte à tomber dans la mièvrerie...

Dernier envol d'un cygne des arts martiaux frappé en plein vol, ce corbeau reste à mes yeux l'un des plus beaux messages d'amour scénaristique qu'est pû nous livrer Hollywood ( même s'il s'agissait là d'une des premières distribution des frères Weistein de Miramax/Dimension ) mais aussi un acteur entré dans le mythe ( suivant les pas de son mythique paternel mort en scène, tels des Molières modernes, après la maitrise des arts martiaux ) envers sa fiancée : l'apparition finale de Shelley alors qu'enfin Eric pourra trouver le repos éternel dans l'au-delà ne pouvant que faire ressentir la tragédie de la désormais impossibilité d'Eliza Hutton de retrouver, en chair et en os, le regretté Brandon Lee.

Enfin, peut-être cette tragédie ( la mort accidentelle de Brandon Lee alors qu'ils filmaient la mort de son personnage d'Eric Draven - qui ressuscité en Crow garde la cicatrice sur le nez de son personnage, comme dans le comics, alors que le remaniement du scénario et les scènes tournées ensuite rejettent cette scène donnant naissance à cette cicatrice... puisque celle où Brandon a trouvé la mort ) est-elle aussi ce qui a magnifié et rendu intouchable, voire culte. Ce film entourant de cette aura de tristesse et de magie du cinéma de ressusciter également des acteurs plus que des personnages le film d'Alex Proyas... que les producteurs avaient déjà planifier en série ( comme écrit plus haut ), dans laquelle Brandon Lee n'aurait peut-être pas su garder la beauté sombre de son personnage ou se serait enfermé dans son rôle, n'y trouvant plus alors le rôle de sa vie. Et de sa mort.

Un film magnigique ( dont il serait question d'un irrévencieux remake d'ici 2011, beurk , même par  Stephen Norrington, le réalisateur de "BLADE" et "LA LIGUE DES GENTLEMENT EXTRAORDINAIRES", ou surtout à cause de... ) dont je pourrai en parler des heures et des heures. Attendant toujours une véritable édition collector DVD - en zone 2 - avec les scènes inédites ( notamment celles du Skull Cowboy ) et coupées ( et non un montage clippé de celles-ci ) avec surtout un éventuel commentaire du réalisateur Alex Proyas, en froid avec Miramax ou ce film maudit, hélàs.


 


Bonne séance...

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