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El Grande N'Importe Nawak

Le Blog de Charly H.

( Extrait ) Par Amour

Court extrait d'une ancienne nouvelle, retravaillée et retravaillée, à la limite du roman ( roman de gare ? Arlequin ? Sous Levy ou Musso ? ), toujours teinté de métal et de subculture populaire.
L'action se déroulant dans ma ville natale de province, à une époque - comme vous pourrez le remarquer - certaines lois Evin contre le tabagisme n'avait pas encore cours et l'Euro non plus. Nostalgie d'une adolescence perdue ?

Extrait :

INTRODUCE 'EM

Le temps est pluvieux, le vent s’est également levé depuis quelques minutes, mais les rayons du soleil percent toujours à travers ce voile humide qui recouvre la ville.

Sur la place ‘centrale’ de cette ville de province.
Les bus se croisent, ouvrant leurs flancs à des flots continus de passagers en descendant et aux montées hasardeuses de leurs suivants. Sous les arrêts transparents de verres, quelques adolescents continuent à se rirent de tous et de tout. Telle est la vie de cette cité bretonne, en semaine scolaire, comme l’indiquent les panneaux d’affichages de la compagnie de transport urbain.

A l’intérieur d’un des nombreux cafés encerclant cette place du cinéma local.
Au fond de la salle, à la lumière artificielle des éclairages muraux, sous les glaces aux motifs gravés.
Un couple discute. Lui : blond, les mèches tombant le long de sa nuque, en sweat-shirt blanc, les manches relevées jusqu’aux coudes. La barbe rousse naissante, il répond à chacune des phrases de son interlocutrice par de larges sourires à l’éclat blanc et étincelant. Elle : de profonds yeux bleu-gris qui fixent, charmés, celui qui se tient devant elle, ses lèvres charnues lui avouant à voix basse de doux mots d’amour. Leur couple est encore à ses débuts, ils sortent ensemble depuis deux mois, bientôt deux mois.
Main dans la main, du coté du couloir, les amoureux se regardent et se sourient, en s’avouant des banalités autour de deux cafés.
Son blouson perfecto au cuir passé et usé sur un sac à dos noir près d’elle, elle a tout d’une jeune étudiante que son petit ami est venu chercher à la sortie d’un cours. A coté de son café, un trousseau de clé et un portefeuille de cuir. Elle a étalé ses cours, feuilles volantes et classeur plat, et préparé son paquet de cigarettes. D’ailleurs elle en grille une tout en buvant son café.

Une ombre recouvre soudain leur couple.
Les vêtements trempés à marcher sous cette pluie, un mec sombre vient de rejoindre le couple.
Deux piercing au sourcil gauche et un au droit, un long bouc noir assorti à ses longs cheveux bruns tressés et ondulants, le nouvel arrivant retire avec classe ses épaisses lunettes noires de soleil.
- Salut, les jeunes !
- Salut, Rolland, lui répond sans entrain le garçon. Sans même lever vers lui ses magnifiques yeux azur, mais en lui faisant déjà une place près de lui sur la banquette.
- Rolland, chante son amie en se levant vers ce dernier pour lui faire la bise, les mains appuyées sur ses larges épaules humides.
Rolland se penche pour sentir ses douces lèvres sur sa joue, apercevant dans le coin de son champ de vision le bout de cette jeune et ronde poitrine. Les pointes de ses seins moulées dans ce pull-over de fine laine grise attirant tous les yeux. Et ce décolleté, le pull en V idéal. Ce mec a beaucoup trop de chance, pense tout le monde.
- T’es un homme comblé, Max’, lance Rolland à son ami, appuyé contre le mur et la glace à l’autre bout de la banquette de cuir rouge. Il tient blottie contre lui la petite amie de ce Max’.
Le couple va bien ensemble. Rolland, avec son look de chanteur de métal, largement influencé par un certain Rob Zombie dirait-on, jean noir moulant et épais sweat-shirt à lacets de teinte beige. Son trois-quart de cuir noir sur l’épaule droite. Et elle, en pantalon noir de stretch, légèrement brillant, et son pull-over gris à col en V.
Max’ n’est jamais rassuré par ces réflexions, lorsque des personnes la lui font. Il fait signe à Rolland de s’asseoir et de lâcher sa petite amie, avant de lui demander de s’asseoir :
- Nad’, assois-toi donc.

Trois cigarettes blondes, un demi et un gin’to’ plus tard.
Rolland continue vivement à chambrer son « petit-frère », Maximilien. Nadja, la petite amie de celui-ci, intéressée par toutes ces petites anecdotes familiales, relance encore et encore l'aîné de son homme.
Ils ne vont certainement pas quitté le café avant un bon moment lancés dans une conversation si passionnante. Rolland rappelle le serveur :
- Un nouveau gin’to’ et deux... ( Nadja refuse d’un geste de tête ), un café alors, et un demi, jeune !
Les jeunes gens sourient au ton de cette interjection.

***

La pluie a redoublé. Une progression suivant le coucher du soleil; qui sait ?
Le crépuscule suint au loin, derrière les hauts lampadaires et ces vieux bâtiments administratifs des sixties. Le déluge froid d’eau fouette les visages des jeunes gens.

Rolland paye les consommations, enfournant avec difficulté dans les minuscules poches de son jean moulant le billet bleu et sa monnaie. Le jeune homme grimace pour récupérer cet argent avant de saluer d’un grand geste de la main le serveur et la serveuse du bar.
Sur le pas de la porte, il met rapidement ses grosses lunettes lui donnant un visage de mouche : des yeux de mouche. Même par ce temps-là. Ne les porterait-il pas en fait pour masquer ces marques, ces anneaux piercés au dessus de ses yeux ?
- Salut, Rolland. J’dirai bonjour d’ta part à Carole, annonce Maximilien en passant son bras autour de la taille de Nadja.
- Salut, Rolland, à une prochaine, lui lance une dernière fois Nadja alors que le couple tourne des talons pour descendre vers les parkings. D’un dernier signe de la main, elle lui dit au revoir.
Rolland sourit. Il coince ses longues tresses dans le col de sa veste de cuir et se lance sous cette pluie continue. Il ne fera pas bon ce week-end se dit-il, en pensant déjà aux soirées ajournées. Merde !

***

Rolland, c’est toi ?
Rolland sursaute. Il manque de s’étouffer, comme oubliant de respirer, des sueurs le traverse, il commence à frémir. Il referme d’un coup sec la porte de son appartement et tourne la clé. Personne n’entrera.
- T’as passé une bonne journée, chérie ?
Non !
Perdu entre rêve et réalité, le jeune homme se retourne sur son appartement. Il avance d’un pas décidé et retire sa veste qu’il jette sur le canapé en contrebas dans son salon. L’appartement est plongé dans l’obscurité. Il est tard.
La lumière devrait le rassurer, le réconforter. Le bercer. La veilleuse de sa cuisine américaine allumée, Rolland retire ses lunettes de son front. Ses yeux embués enlacent la vaste pièce. Quelle chance que celle d’être déjà propriétaire à son âge, et d’un appartement aussi bien situé de plus.
Lumière diffuse et soudaine. La tête plongée dans son réfrigérateur, que va-t’il bien pouvoir se servir ? Bouteille verte aux couleurs fluos et flashies.
- Non, Rolland, tu ne vas pas en prendre encore une autre, gémit une voix féminine attristée.
- Arrête ! tente-t’elle d’hurler. Rolland Philippe Allister repose cette bière tout de suite.
- Rolland !
- Ta gueule, réplique-t’il en écrasant la bouteille de verre sur la table de travail.
Rolland grince des dents, il a froid, il transpire. Il déglutit, il faut qu’il boive, il doit boire. Boire pour oublier.
Une jeune femme de grande beauté, à l’aura surnaturelle, éclatante d’une lueur mystique, entre dans le cercle de lumière. Ses courtes mèches décolorées luisant d’un blond platine brillent de reflets émeraudes. La peau cuivrée de son corps musclés brille d’une couche translucide étrange. Elle pleure des larmes rouges, des larmes de son sang.
- Rolland chéri, arrête de te détruire comme ça. Je t’aime, ça me fait mal de te voir mourir à petit feu comme tu le fais.
- Tu n’es pas réel, tu n’existes pas. Tu es morte, récite à voix basse, en respirant bien fort, le jeune homme s’appuyant de ses coudes sur la table de travail. La bière coule entre les éclats de verre. Ses bras y tremblant. Il faut qu’il se contrôle, il le doit. Je dois me contrôler.
- Rolland, pleure la jeune femme, tendant vers lui sa main gauche.
Rolland sursaute, une frayeur, quelque chose l’a touché. Il en perd l’équilibre. Un genou à terre, il se retient de toutes ses forces à la table et à un de ces tabourets de bar.
Il se relève, de chaudes larmes courant sur son visage. Il force sur ses bras pour se redresser et reprendre contact avec le dallage mouillé de sa table. Rolland pleure.
- Rolland, soupire d’une voix profondément attristée la jeune femme. Rolland, mon amour...

Se cognant de poutre en poutre, se déplaçant comme un pantin désarticulé, les jambes pliées, se réchauffant de ses deux bras autour de ses épaules, Rolland va s’écrouler sur son canapé. Ses pleurs recouvrant les quelques phrases qu’il hurle, la voix éteinte, la gorge prise d’une boule de chagrin, d’un nœud de douleur. Il appelle quelqu’un, une fille. La douleur de ce chagrin lui fera perdre tout sens, jusqu’à s’endormir profondément.
Appuyée à une poutre, sa blonde compagne se passe une main sur la bouche : mon dieu, qu’avez-vous fait ? Qu’est-il devenu ? Rolland, mon amour (...)


Tous droits réservés, Charly
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